novembre, 2012

Délibérations du jury… and the winner is…

Posté le 22. Nov, 2012

Cet après-midi eurent lieu les délibérations du jury (dont je fais partie), afin de désigner le gagnant du concours d’écriture Le Livre de Poche / We love words, organisé à l’occasion des 60 ans du Livre de Poche.

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Dans un des salons du somptueux hôtel Lutétia, nous avons ardemment défendu notre texte préféré.
Ici, Philippe Grimbert, l’autre auteur membre du jury, captive Claire Desserrey, responsable littérature classique au Livre de Poche.

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Cécile Boyer-Runge, directrice générale du Livre de Poche, plaide à son tour.
(On voit qui parle à celui qui bouge ses mains.)

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Sophie Blandinières, responsable éditoriale chez We Love Words, est perplexe.
Sur les 200 textes du concours, environ une cinquantaine comportaient un personnage s’appelant Sophie. Ils l’ont fait exprès, ou bien ?

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Grégory Nicolaïdis, le fondeur de We Love Words, se marre : le débat fait rage entre deux candidats. (Ce sont mes deux candidats préférés à moi !)
Tout le monde est unanime, le gagnant sera un de ces deux là. Mais lequel ?

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Chacun défend son poulain avec passion et une débauche d’arguments, on vote plusieurs fois à main levée pour départager les deux challengers, et puis on repart dans des discours destinés à convaincre la partie adverse de nous donner raison. (Parce que j’ai raison !)
Ici, Laura Behn, responsable web et Anne Bouissy, attachée de presse, toutes deux au Livre de Poche.

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Carine Fannius, éditrice au Livre de Poche, sourit… sur 200 textes, on a recensé 180 disparitions dans des toilettes d’autoroutes, 150 récits où des gamins hargneux jouent à la console sur la banquette arrière de la voiture, des pères majoritairement infidèles et des mères souvent folles… mais où vont-ils chercher tout ça ?

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Cécile Boyer-Runge et moi sommes heureuses : après moult retournements de situation entre les deux préférés de chacun, un gagnant a enfin été désigné.
Mais qui est-ce ?
Arg, je ne peux pas encore l’annoncer, réponse lundi….

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Edit du lundi :

…and the winner is :  Diègue, alias Guillaume Pipon pour son texte « Trois fils tendus au dessus du vide » !

Bravo à lui ! (cliquez ici pour en savoir plus)

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Ma sélection de lectures pour le mois de Novembre…

Posté le 13. Nov, 2012

Une fois par mois, je vous donne rendez-vous ici pour vous faire découvrir les livres que j’ai lus et aimés. Des chroniques agrémentées de l’interview de deux auteurs (ce mois-ci : Anne Goscinny et Marie-Ange Guillaume), vous révélant tout ce que vous n’auriez jamais osé leur demander, alors que moi, si.
Enjoy !

findannelivres

N’oublie pas de m’aimer,  Charlotte Valandrey, Cherche-Midi.
Voici une autobiographies captivante, car rédigée comme un roman qui oscillerait entre tragédie, histoire d’amour, paranormal et thriller. Après avoir survécu à une séropositivité contractée à l’adolescence, Charlotte Valandrey subit il y a dix ans une greffe cardiaque. Quatre ans plus tard, elle est séduite par un homme qui s’avère être le mari de sa donneuse décédée…
Une existence difficile, mais menée avec une rage de vivre et un positivisme à toute épreuve, dont la jeune femme a tiré des enseignements qu’elle offre ici, généreusement, à ses lecteurs.
Des « recettes de bonheur » pleines de bon sens (on n’a pas toujours la chance d’avoir près de soi quelqu’un pour nous les souffler à l’oreille), intégrées entre chaque chapitre, permettant de repenser sa vie à la lumière de l’expérience d’une battante.
Pourquoi ce livre ? Parce qu’il est passionnant, que les conseils distillés sont d’une rare justesse, et que cette comédienne maman solo est sincère et émouvante.

Petit éloge du charme, Harold Cobert, François Bourrin éditeur.
Dire de quelqu’un qu’il a du charme, ce n’est pas dire de lui qu’il est « beau », mais.. qu’il a quelque chose qui va au delà de cette notion de simple attrait physique. Oui, mais qu’est-ce que le « charme », exactement ? Difficile à définir, n’est-ce pas ? Eh bien non, pas pour le romancier Harold Cobert, qui nous l’explique ici d’une façon piquante et pleine d’a-propos.
Pourquoi ce livre ? Idée pour un soupirant : offrir ce livre à l’élue de son coeur en griffonnant dedans « Petit éloge de Toi » et… laisser le charme agir !

Mon pire ennemi est sous mon chapeau, Laurent Bénégui, Julliard.
Laurent (pas l’auteur, hein, le héros) n’est pas seulement à cran, il est aussi au chômage. Et il ne digère pas son licenciement, qui le laisse sans ressources face à sa compagne qui a vingt ans de moins que lui. Bon, qu’est-ce qu’il fait, le Laurent, du coup ? Eh ben il décide d’aller voler. Mais pas de ses propres ailes. Juste d’aller voler tout court. Et il n’aurait pas du ! Et il va vite comprendre à quel point…
Pourquoi ce livre ? Parce que Laurent (pas le héros, hein, l’auteur) est drôle, et fait preuve dans cette histoire d’une imagination aussi délirante que savoureuse !

Sacré Père Noël, Raymond Briggs, Grasset Jeunesse.
Ce livre est presque aussi vieux que le héros dont il parle : rendez-vous compte, la première publication de cet ouvrage date de 1974 ! Pourtant vous savez quoi ? Ce sacré père Noël, bougon, ronchon et tendre, n’a pas pris une ride. Une jolie manière de transmettre ses émotions d’enfant à sa propre descendance.
Pourquoi ce livre ? Parce que si vous ne l’offrez pas à Noël à un petit autour de vous, vous ratez l’occasion de faire un beau cadeau !

L’année du loup-garou, Stephen King, illustrations Bernie Wrightson, Albin Michel.
Ce livre au format d’un album de bande dessinée est une nouvelle écrite par le King en 1983. Commandée pour être publié sous forme de calendrier (douze illustrations + douze vignettes de texte = douze mois de l’année), l’histoire fut finalement allongée jusqu’à devenir un court roman illustré, lui-même adapté au cinéma deux ans plus tard sous le titre « Peur bleue ».
Le pitch ? Une pleine lune, un loup sanguinaire, des habitants terrifiés… sérieusement, vous avez vraiment besoin d’un pitch avec un titre pareil ?
Pourquoi ce livre ? Parce que moi, j’aime bien les loups-garou. (Et accessoirement, j’adore Stephen King !)

Ca m’énerve, Marie-Ange Guillaume, éditions Le Passage.
Ah mais qu’est-ce que c’est bon quand elle s’énerve, cette bonne femme ! En une succession de courts chapitres, elle met le doigt (et la langue) (rien de sexuel, hein) pile là où ça fait mal.
Sur ces petits emmerdements de la vie quotidienne, pas assez graves pour nous gâcher toute la journée, mais suffisamment pour nous gratter toute la journée. Et c’est tellement drôle que limite on en redemanderait, de ces emmerdements. (Limite, j’ai dit.)
En tous cas, si j’ai lu tous ses livres, celui là est mon préféré ! (…Qui a dit « normal, vu ton sale caractère » ??!)
Pourquoi ce livre ? Parce que qu’est-ce que c’est bien troussé !

Et voila. Agnès commère avec Marie-Ange Guillaume.

Marie-Ange Guillaume

Agnès : Bon, ça y est, tu t’es calmée ?
Marie-Ange : Je suis un chouïa plus zen, vu que ça défoule bien de se marrer en disant du mal des autres. Mais je cherche toujours le salopiaud qui met la litière du chat dans la poubelle jaune (ça m’énerve), et le fameux « train 2319 annoncé avec un retard probable de vingt minutes merci de votre compréhension » continue de me mettre en pétard. En revanche, je me suis aperçue que, pour TOUT LE MONDE (ou presque), le changement de housse de couette est une vraie prise de chou. Ca fait plaisir, je me sens moins seule…
Agnès : Moi par contre, je suis furax : j’exige un deuxième tome !
Marie-Ange : T’inquiète pas, je prends des notes pour le tome 2… J’ai déjà une palanquée de casse-couilles dans le colimateur…
Agnès : Et sinon, comment va ton chien ? Il tire toujours la langue aux inconnus ?
Marie-Ange : Je te trouve gonflée, c’est toi qui a appris à ma chienne (dite « Bricole ») à tirer la langue !!! Tu me l’as dévergondée… A part ça, elle va bien, et je vais l’emmener signer des livres près d’Annecy, elle en piaffe de joie.
Agnès : J’ai adoré ton livre. J’espère que tu es fière de toi ?
Marie-Ange : Merci d’aimer mon livre, et surtout, merci pour tes rires ! Non seulement je suis fière de ce résultat, mais je suis carrément heureuse et je n’échangerais pas tes rires contre un petit Goncourt de rien du tout. Na !

Sacrifices, Pierre Lemaitre, Albin Michel.
Troisième enquête du commissaire Verhoeven, clôturant ainsi la trilogie initiée par Lemaitre.
Mais si, Verhoeven, vous vous souvenez ? Ce flic presque nain, chauve et terriblement intuitif, qui a perdu sa femme tuée par un criminel arrêté trop tard, et qui doit dans ce livre protéger sa nouvelle maîtresse, battue avec une violence inouïe par un gang de malfrats. (Il a pas de chance avec les femmes, celui-là…)
Pourquoi ce livre ? Parce que Lemaitre est un des meilleurs auteurs de polars français, un auteur qui manie au scalpel intrigue psychologique et sens du rebondissement. A découvrir, si ce n’était pas encore fait.

Idées reçues et corrigées, Yannick Lejeune et Turalo, illustrations Jean-Philippe Peyraud, Delcourt.
La vérité et toute la vérité sur une cinquantaine d’idées reçues… et pourtant fausses ! Si vous étiez persuadés que Christophe Colomb a découvert l’Amérique, que Molière est mort sur scène ou que les épinards dégoulinent de fer, vous risquez quelques surprises….
Pourquoi ce livre ? Parce que s’instruire en s’amusant, c’est bien plus marrant !

Pim, Pam, Poum, Rudolph Dirks, Michel Lafon.
C’est une des plus anciennes BD existantes, si, si ! Vous l’aviez lue étant gamin ? Il y a de grandes chances que vos ancêtres aussi : elle fête ses 115 années d’existence cette année ! Carrément. Bon, là évidemment ce n’est pas une intégrale, mais une compilation des trois cent meilleurs gags. Et ce n’est déjà pas si mal !
Pourquoi ce livre ? Parce la nostalgie, c’est bon. Et quand la matière première est bonne, alors c’est encore meilleur.

Le bruit des clés, Anne Goscinny, Nil.
C’est une intense et bouleversante lettre d’amour posthume qu’Anne Goscinny a écrite à son père, avec « Le bruit des clés ». En lisant cette lettre qui ne lui est pas adressée, le lecteur découvrira Anne, bien plus que René. Anne dans toute sa fragilité, son humour, sa pudeur, Anne petite fille, adolescente et puis femme marquée au fer rouge par la disparition de cet homme qui l’a aimée plus que tout au monde, lui qui semble appartenir à tout le monde.
Une magnifique écriture cisèle ces pages d’émotion pure…
Pourquoi ce livre ? Parce qu’il est des livres d’une telle finesse et d’une telle sensibilité, qu’une fois leur lecture achevée, ils donnent envie de décrocher son téléphone pour murmurer des mots d’amour à ceux qui sont toujours là.

Et voila. Agnès commère avec Anne Goscinny.

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Agnès : Raconte, à quoi ressemble ton porte-clés ?
Anne : Alors… imagine : vingt-trois scoubidous de toutes les couleurs, tressés par Salomé, ma fille de neuf ans. Et puis un long ruban gris, sur lequel est brodé « Le bruit des clés », cadeau d’une amie à la sortie de mon livre ! Il y a aussi un petit cadre en plastique à deux faces, d’un côté tu peux voir une photo de Simon quand il était bébé (tu sais, l’époque où ils ne disent pas « trop mortel » ou « trop grave » ou « maman, on dirait que ton jean c’est un pyjama » ou encore « maman, à ton époque c’était pas trop dur d’enjamber les dinosaures pour aller à l’école ? ») Et de l’autre côté, tu peux admirer Salomé à deux ans, avec ses bouclettes adorables. Il y a aussi un gros coeur rouge, gagné par Salomé à la Fête à Neu-Neu, gavé de petites billes de polystyrène, qui rend l’âme tout doucement, sans faire de bruit… Autrement dit, je retrouve des petites billes blanches partout dans mon sac… très chic, quand tu cherches ton gloss discrètement ! Voila pour mon porte-clés. En fait, mon problème c’est surtout de trouver un sac assez grand pour aller autour du porte-clés !
Agnès : Si on te proposait de prendre la clé des champs, où irais-tu ?
Anne : J’irais… sur la côte sauvage, en Bretagne, j’irais place San Martin, à Buenos Aires, j’irais marcher sur le Brooklyn Bridge, j’irais camper devant la Pietà de Michel-Ange à Rome, j’irais boire un mojito dans le bar d’un palace à Biarritz, j’irais en réalité là où sont mes enfants… et puis je retournerai d’où je viens, consciente d’être un peu envahissante !
Agnès : Si tu pouvais enfermer dix mots à clé ?
Anne : Ce serait le mot « Papa » dans dix langues différentes. Comme ça, si dans une prochaine vie je le retrouve réincarné en citoyen d’un pays dont je ne maîtrise rien, je saurai au moins l’appeler : « Papa ! »
Agnès : J’ai adoré ton roman. J’espère que tu es fière de toi ?
Anne : Je vais te dire quand j’ai été fière de moi : quand Simon a eu une bonne note au devoir à la maison sur les fractions, parce que ce devoir, j’y ai passé une bonne dizaine de soirées, et que le Simon il était pétri d’admiration que sa vieille mère assure (ajouter : « trop »). J’ai été fière quand Salomé a chaussé ses claquettes pour le spectacle de danse de fin d’année. La relève de Ginger Rogers est assurée ! J’ai été fière le jour où j’ai réussi à ne pas me planquer devant mes enfants pour pleurer en pensant que mes parents ne les connaîtraient jamais. Ils ont été un peu surpris de me voir sangloter dans la cuisine, et puis ils ont dédramatisé en me disant : « t’en fais pas maman, ton gâteau il est brûlé mais il est bon quand même. Faut pas pleurer pour ça. » Et puis j’ai été fière la première fois où j’ai compris un calembour imaginé par mon père, peu de temps après sa mort. Je me suis dit : « quelle chance d’être la fille de cet homme là. » Mais je n’ai jamais été fière de mes livres. Je me dis toujours que je serai enfin fière du suivant, et ça je sais que je me le dirai jusqu’au dernier souffle, jusqu’au dernier texte.

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