avril 18th, 2011
Eté du livre à Metz 2011 : comment j’ai sauvé le monde des agissements de BRP.
Posté le 18. Avr, 2011
Tout ce qui s’est passé ce week-end, c’est de la faute à Bruno Roger-Petit.
Il n’aurait pas du y toucher, non. Il aurait du s’en éloigner, ne pas essayer de le contrôler… oh mon Dieu… il n’était pas de taille…
Voici un cliché pris par satellite de ce geste fatal qui a tout déclenché.
Regardez comme il sourit, cet innocent, inconscient du danger.
Ou peut-être, après tout, savait-il très bien ce qu’il faisait….
Mais qui est Bruno Roger-Petit, me demanderez-vous ?
Si je vous réponds que c’est un ancien présentateur du journal télévisé de france 2, il va encore râler en disant que sa carrière ne se résume pas à ça.
Oui, car l’homme est ombrageux et fier. D’ailleurs, s’il ne l’avait pas été, il aurait certainement écouté les supplications de la foule qui l’incitait à s’éloigner, et n’aurait pas déclenché ce vortex spatio-temporel qui a précipité notre séjour messin dans une autre dimension…
Mais je m’égare.
Donc Bruno Roger-Petit est journaliste de télévision et de radio, grand reporter au service de politique intérieure, chroniqueur sportif, auteur d’un ouvrage sur François Mitterrand (ça va, là, ou il faut que je continue ?), professeur dans une école de journalisme, blogueur star sur le Post.fr et sur BRP, et c’est un redoutable découvreur de talents (il JURE que je devrais faire de la télé, que j’ai « quelque chose » (oui, ça s’appelle une manie compulsive de me toucher les cheveux), il l’a répété au moins dix fois (les neuf premières fois j’ai fait semblant d’avoir mal entendu, au cas où un producteur nous aurait croisés à ce moment là).
Comprenez bien ce qui s’est passé.
Nous étions tous partis pour un week-end de dédicaces parfaitement traditionnel, quand son coup de manivelle fatal a tout changé.
Les oiseaux ont cessé de chanter, les arbres se sont mis à gémir, le ciel s’est couvert de nuages menaçants en l’espace de quelques secondes, les ongles de certains auteurs sont devenus bleus, c’était terrifiant….
Le monde entier fut bouleversé. Même les chiens, désespérés, ne parvenaient plus à tirer la langue, vous vous rendez-compte ?
Marie-Ange Guillaume (biographe de Goscinny, de Desproges, et qui écrit des recueils de nouvelles absolument magnifiques) m’a appelée à l’aide pour sauver sa chienne, Bricole, d’un violent assèchement buccal.
Est-ce que j’ai une tête de psychologue canin, moi ? Faut croire que oui.
N’écoutant que mon courage, je tentais le tout pour le toutou.
– ‘ega’de B’icole, tu ‘ais comme ça…
– Comment ? Attends, je regarde… (trad. langage chien)
– allez…ti’e la langue…vas-y…
– Comme ça ? Ca va, comme ça ? (trad. langage chien)
– Non, là tu mont’es juste les dents…
Je décidais alors d’utiliser un peu de la science et de la magie qui se transmettent dans ma famille de générations en générations, et le miracle se produisit.
Victoire ! Bricole a retrouvé sa langue maternelle !
Elle me lécha le visage et les mains en signe de reconnaissance (je préferais quand elle l’utilisait pour parler). Certes, il aurait fallu s’occuper des autres chiens de la ville, mais je n’avais pas le temps. Fallait que j’aille signer. Cependant, le bruit se répandit que j’étais parvenue à sauver une vie.
Au lieu d’acheter mes livres, les gens vinrent me faire des offrandes.
Comme cette jeune femme, Karine, qui alla piller le meilleur ouvrier de France pour en garnir les capitons que pourtant je m’escrimais à vider.
Alors pour éviter les détrousseurs, je couru me réfugier à l’hôtel.
Le soir venu, au lieu du traditionnel diner des auteurs dans une ambiance cosy et détendue, nous nous sommes vus téléportés dans un endroit complètement psychédélique, où des paniers de baskets côtoyaient des spots multicolores, où les baies vitrées étaient scellées de filets de hand-ball indéchirables (sans doute pour nous empêcher de nous enfuir), et où des cocottes pondaient, à même la table, des oeufs gigantesques et luminescents.
Oh mon Dieu, mais qu’as-tu fait, Bruno Roger-Petit ?? Quelle puissance as-tu donc provoquée ??
Aliette Armelle, devant l’objet, semble songeuse : voila encore un événement qu’elle ne pourra pas relater dans le Magazine Littéraire.
La sueur perle au front de Vincent, attaché de presse aux éditions du Passage, qui a bien compris que la situation était sur le point de devenir hors de contrôle.
On remarque d’ailleurs, dans les yeux d’Aurélie (attache de presse aussi, mais autre part), les premiers signes d’une démence qui prendra toute son ampleur dans quelques secondes.
Sans un mot, dans mon coin, je me concentre de toutes mes forces, prête à intervenir à nouveau.
Soudain, c’est le drame : un bateau vient brusquement faire naufrage dans un verre d’eau !
On n’avait jamais vu ça. La panique est totale.
Aurélie est hystérique : en plus, elle a le mal de mer.
Alors Vincent la saisit, la gifle un petit peu, et tente de la calmer en lui confectionnant un noeud marin autour du crâne, qu’elle mettra deux jours à réussir à dénouer.
De l’autre côté de la table, certains sont pétrifiés, d’autres prient, d’autres encore courent partout, s’accrochent aux filets, et finissent par s’échouer sur la vitre…
Isabelle Alonso est au bord de l’évanouissement.
Maintenant, ça suffit. Cette situation ne peut plus durer !
Je me tourne vers l’auteur de ce capharnaüm cosmique, histoire qu’il aille réparer un peu l’espace-temps qu’il a cassé.
– Bruno, écoute moi bien. Tu vas suivre très exactement les instructions que je vais te donner. Va à l’orée du bois, lorsque la lune sera pleine, et que le son du micro du maire ne sera plus qu’un lointain souvenir. Là, tu monteras sur le dos d’un de tes téléspectateurs (un de ceux qui t’a vu jeter tes fiches par terre, en 97), tu cueilleras les fruits les plus odorants que tu puisses trouver, et tu en râperas les écorces, afin que nous puissions ensuite nous en frotter les mains en psalmodiant des chansons dont je ne connais pas les paroles (assure toi surtout que ce ne sont pas des titres à la mode ! Sinon nous sommes perdus, et on va devoir tout recommencer dans un karaoké.)
– D’accord… et si je n’y arrive pas, on fait comment ?
– Vu qu’on est bloqués ici… tu peux aussi demander à Isabelle de nous appliquer sur le poignet un peu de son stick d’huiles essentielles qui fait suffoquer. Ensuite, quand tu auras fini, n’oublie pas de cueillir sur les tables à champignons lumineux quelques unes des fleurs les plus belles, et vient me les apporter.
– Voila Agnès. J’ai mis de la décoction qui pue sur les poignets de tout le monde dans la salle, et j’ai cueilli les fleurs, comme tu me l’avais demandé. Qu’est-ce que tu vas en faire ?
– Rien. C’est juste que j’adore qu’on m’offre des fleurs.
– Le parfum sur nos poignets fonctionne… ça nous fait méchamment tourner la tête, le monde rebascule dans le bon sens… attention, cramponnez-vous…aaaahh….!!
Le lendemain, sur mon stand, j’entame une petite danse de célébration de la normalité retrouvée, avec Jérôme Camut et Nathalie Hug.
(Enfin, quand je dis « normalité retrouvée », je me comprends.)
Et comme par magie, les uns après les autres, tous mes livres disparaissent………
(Merci à la Fnac de Metz pour son super accueil !)
Ma mission dans cette ville est terminée, il est temps de rentrer, à présent.
Laura (attachée de presse aux Presses de la Cité), heureuse et délivrée, fait le signe de la victoire, tandis que Marie-Ange et sa Bricole girl se tiennent, soulagées et heureuses, sur le parvis de la gare de Metz.
(Ca va, Bruno ? J’ai bien compensé le fait d’avoir oublié de te citer dans mon reportage Limousin ?)